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« INTERROGER SON IDENTITÉ N’EST PAS DANGEREUX
 M U R S 
À LA SEULE CONDITION DE SAVOIR QUI ON EST »

     Dans ce projet en cours d’écriture, nous travaillons, avec la complicité de l’auteur suisse Jérôme Richer, à l’écriture d’un texte qui interroge la plus intime de nos appartenances, pour en superposer le calque sur celui de notre monde. Dresser un inventaire des murs, réels ou imaginaires, que nous construisons parfois pour tenter d’apporter un remède à nos angoisses. 

 

note d'intention

 

La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989 fut un formidable espoir de réconciliation et d’échange pour l’humanité toute entière. Mais, depuis,  jamais les hommes n’ont construit autant de murs. Dans le cimetière de Belfast, un mur souterrain délimite les tombes catholiques des tombes protestantes. Le temps de la réconciliation (durable), y compris dans l’au-delà, n’est pas à l’ordre du jour.

Les attentats du 11 septembre 2001 marquent clairement une intensification du phénomène, avec pour conséquence directe, le déplacement du conflit historique est-ouest vers une confrontation nord- sud.
 

A l’heure de la mondialisation, de la circulation des hommes et des marchandises, les Etats se cloisonnent. Les « murs de séparation » appelés aussi « murs de la paix » ou plus pertinemment « murs de la honte» sont les tristes vestiges de quelques réflexes primitifs.
 

Ces murs violent des vies, confisquent des familles, violent des terres, enferment, torturent,  condamnent les peuples. N’est-il pas temps d’ouvrir enfin les débats sur cette triste réalité érigée au nom de quelques théories qui prônent la réconciliation par la séparation en oubliant que la paix ne peut se faire qu’ensemble.
 

Avec Jérôme Richer, auteur suisse actuellement en résidence au Théâtre Saint-Gervais de Genève, et Georges Baux, toulousain, co-compositeur de toujours, nous souhaitons écrire et composer à partir de cette réalité objective, afin d’imaginer une galerie de portraits, aussi singulière qu’improbable. Le besoin de sécurité des peuples reste fort et il faut écouter cette attente.
 

Le besoin de sécurité des peuples reste fort et il faut répondre à cette attente. Ce n’est ni méprisable ni vulgaire, c’est même un élément fondamental de toute cohésion nationale. Mais ne peut-on donner cette sécurité par des procédés démocratiques et intelligents qui donnent confiance en l’avenir et aux différents groupes ? Il faut donc créer les conditions d’une vie sans contrôle, sans procédés répressifs et sans murs, mais pour cela, attendre ne suffit pas. Il faut agir et il faut travailler.  Travailler au mieux vivre ensemble en célébrant l’altérité dans l’art et dans nos consciences.

Dans certaines régions du monde où la situation paraît insoluble, où les points de vue semblent irréconciliables, comment peut-on espérer rapprocher les peuples avec un mur ? Comment les israëliens peuvent-ils dialoguer avec les palestiniens ? Comment les mexicains peuvent-ils échanger sereinement avec les Etats-Uniens ?

On croit trop souvent qu’un mur seul peut garantir la paix et on dresse des barricades de béton qui seront à jamais des cicatrices, en occultant aveuglément qu’en murant l’autre, on s’emmure soi-même.
On construit des espaces de sécurité et de certitude qui confinent à l’absurde. On protège nos maisons dans les quartiers bourgeois en créant, ici et là, des lotissements « haute sécurité » où l’on proscrit le désordre, les chiens et les enfants, trop bruyants.

Mais à la longue les murs entrent dans nos têtes, ils cloîtrent nos esprits et deviennent le remède à nos angoisses.
Et pourtant les murs tombent toujours, sous l’assaut des assaillants ou sous celui du temps. Les murs jamais ne survivent même s’ils marquent durablement nos consciences car partout où un mur fut, une cicatrice demeure. Et que sont les ruines de ces funestes ouvrages, si ce n’est les témoins de notre démesure et les traces de nos blessures ?

Pourquoi ne pas envisager, alors, de faire tomber chacun des murs qui limitent nos consciences, en opposant un « Observatoire National des Identités » au sombre « Ministère de l’Identité Nationale » ?

N’est-il pas temps d’envisager la multiplicité des identités qui traversent nos sociétés, en ne se focalisant sur aucune communauté ?

 

N’est il pas temps de célébrer chaque jour nos différences, en substituant, pourquoi pas, à notre ministère de la culture, un ministère des cultures de France ?

Revendiquer le caractère pluriel de notre identité n’est pas une faiblesse mais une force.

création

OCTOBRE 2016

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